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Makhno

Nestor Makhno, anarchiste

L'Empire russe, ou empire de Russie, est l'entité politique de la Russie, depuis 1721, sous le règne de Pierre Ier, jusqu'au 14 septembre 1917, jour de la proclamation de la République russe. Sa capitale est Pétersbourg. À la fin du XIXe siècle, la taille de l'Empire est d'environ 21 800 000 kilomètres carrés, soit presque 1/6 des terres émergées du globe.

Emmanuel Kant (1724-1804) est un philosophe prussien, fondateur du criticisme, et de la doctrine dite « idéalisme transcendantal ». Grand penseur de l'Aufklärung (Lumières allemandes), Kant a exercé une influence considérable sur l'idéalisme allemand, la philosophie analytique, la phénoménologie, la philosophie moderne, et la pensée critique en général. Son œuvre, considérable, et diverse dans ses intérêts, mais centrée autour des trois Critiques – à savoir la Critique de la raison pure, la Critique de la raison pratique, et la Critique de la faculté de juger – fait ainsi l'objet d'appropriations et d'interprétations successives et divergentes.

Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831) est un philosophe allemand. Son œuvre appartient à l'idéalisme allemand et a eu une influence décisive sur l'ensemble de la philosophie contemporaine. Hegel enseigne la philosophie sous la forme d'un système unissant tous les savoirs suivant une logique dialectique. Le système est présenté comme une « phénoménologie de l'esprit » puis comme une « encyclopédie des sciences philosophiques », titres de deux de ses ouvrages, et englobe l'ensemble des domaines philosophiques, dont la métaphysique et l'ontologie, la philosophie de l'art et de la religion, la philosophie de la nature, la philosophie de l'histoire, la philosophie morale et politique, ou la philosophie du droit.

Johann Kaspar Schmidt (1806-1856), dit Max Stirner, est un philosophe bavarois, jeune hégélien, considéré comme un des précurseurs de l'existentialisme, et de l'anarchisme individualiste. Il est l'auteur, en 1844, de L'Unique et sa propriété, livre qui connaît un grand retentissement à sa sortie. C'est un réquisitoire contre le libéralisme et de manière générale, contre toutes les puissances supérieures auxquelles on aliène son « Moi ». Stirner vise principalement l'Esprit hégélien, l'Homme feuerbachien et la Révolution socialiste ou bourgeoise. Stirner exhorte chacun à s'approprier ce qui est en son pouvoir et de refuser d'obéir à une quelconque morale ou idéal.

Mikhaïl Aleksandrovitch Bakounine (1814-1876), dit Michel Bakounine, est un révolutionnaire anarchiste et un philosophe russe. Il lit Fichte et Hegel. Feuerbach lui fournit les bases de son athéisme. Formulant dès 1864 ses conceptions anarchistes, fédéralistes et athéistes, il les propage, à partir de 1868, dans la Ie Internationale. En France, en Russie, en Suisse romande, en Italie et surtout en Espagne, ces idées se répandent et font des adeptes. L'importance historique de Bakounine est d'avoir rattaché les idées libertaires de l'anarchisme au mouvement émancipateur de la classe ouvrière, et jeté les bases du socialisme antiautoritaire, de la théorie et de la pratique de l'anarcho-syndicalisme.

Karl Marx (1818-1883) est un philosophe, historien, sociologue, économiste, journaliste, théoricien de la révolution, socialiste et communiste prussien. Connu pour sa conception matérialiste de l'histoire, son analyse du capitalisme et de la lutte des classes, et pour son activité révolutionnaire, au sein du mouvement ouvrier, il a été un dirigeants de la Première Internationale. Il a eu une grande influence sur le développement des sciences humaines et sociales. Ses travaux ont marqué le XXe siècle, au cours duquel de nombreux mouvements révolutionnaires, et intellectuels, se sont réclamés de sa pensée.

Louise Michel (1830-1905), institutrice, militante révolutionnaire et libertaire. Elle reçoit une bonne instruction et une éducation libérale. Elle lit Voltaire et Rousseau, et étudie la musique. En 1850, Louise devient institutrice, et fonde une école, où elle enseigne, pendant trois ans, selon les principes républicains. Pour satisfaire sa soif de connaissance, elle suit les cours du soir dans les domaines les plus modernes du savoir. A Paris, Louise Michel fait la connaissance de Jules Vallès, Eugène Varlin, Rigault, Eudes, et surtout Théophile Ferré, qu'elle aime avec passion. Elle écrit pour des journaux d'opposition et rédige des poèmes.

Tout commence dans les années 1840. L’Europe est secouée par des révolutions. Les révoltes grondent partout. Les monarchies sont contestées. Des penseurs réfléchissent à ce processus de soulèvement, et proposent une organisation sociale différente. Parallèlement, le mouvement ouvrier se structure.

Les jeunes hégéliens, appelés, aussi, hégéliens de gauche ou gauche hégélienne, sont un groupe de philosophes allemands du milieu du XIXe siècle, disciples de Georg Wilhelm Friedrich Hegel. Par opposition aux « vieux hégéliens », ou « hégéliens de droite », qui préconisent le maintien du système du maître, et de sa théologie, au sein d'un conservatisme politique, les jeunes hégéliens critiquent le caractère religieux du système de Hegel, mais veulent développer son potentiel révolutionnaire.

Karl Marx et Engels, venus d’Allemagne à Paris, cherchent à réaliser la synthèse de la philosophie allemande, de l’expérience révolutionnaire de la France et des progrès industriels de l’Angleterre. Ils jettent, ainsi, les bases du socialisme scientifique.

De Louise Michel à François Koënigstein, à Emile Henry, à Nestor Makhno, à Buenaventura Durruti... et de très nombreux autres, ils sont bien là : apôtres, bandits, terroristes, tueurs, chefs de guerre ou simples soldats, qui refusaient la société telle qu'ils ne la voulaient pas. Tous ont souffert, beaucoup ont péri, dans cette lutte, pleine d'espoir... pour l'Humanité.

La révolution de février 1848, à Paris, surprend Bakounine, alors qu'il est à Bruxelles. Il vit la révolution comme un réveil après un long sommeil. Pris par l'ivresse de ces journées folles, il se révèle alors infatigable. On le voit partout, à toutes les réunions, dans les clubs, dans les défilés, avec les miliciens...

Jean Jaurès (1859-1914) est un homme politique, issu de la petite bourgeoisie. Il grandit à Castres, sa ville natale, où il passe son enfance et sa jeunesse. Il obtient une agrégation de philosophie, et entamme une carrière politique comme républicain. En 1885, benjamin de la Chambre des députés, il siège au centre-gauche parmi les républicains « opportunistes », favorables à Jules Ferry. Réélu comme socialiste indépendant, en 1893, il soutient la grande grève des mineurs de Carmaux, s'oppose aux « lois scélérates », et dénonce la collusion d'intérêts entre la politique et la presse. Il prend la défense d'Alfred Dreyfus, participe à la fondation du Parti socialiste français, puis fonde, et dirige, le quotidien l'Humanité.

Le 28 septembre 1864, le Martin’s Hall, situé au cœur de Londres, est plein à craquer. Près de deux mille personnes sont venus écouter quelques dirigeants syndicaux anglais, et un groupe d’ouvriers, arrivés de France. Les organisateurs du meeting n’ont pas la moindre idée de ce qu’ils vont, bientôt, déclencher. Ils ont formé le projet d’ouvrir un lieu de débat, à l’échelle internationale, afin d’évoquer les problèmes des travailleurs.

L'Association internationale des travailleurs, dite Première Internationale, est créée, le 28 septembre 1864, à Londres, à l'initiative de travailleurs et de militants, français, anglais, allemands, et italiens. Son objectif premier est de coordonner le développement du mouvement ouvrier naissant, dans les pays européens récemment industrialisés. Malgré les répressions gouvernementales, elle connaît un succès rapide, et se constitue en sections nationales, dans plusieurs pays dont la Suisse, la Belgique, la France, l'Allemagne et, à partir de 1867 : l'Italie, l'Espagne, les Pays-Bas, l'Autriche et les États-Unis.

En 1869, un débat divise l'AIT, entre partisans de Karl Marx, favorables à la gestion centralisée de l'association, et à la création de partis politiques, et les « anti-autoritaires », réunis autour de l'anarchiste Mikhaïl Bakounine.

"On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
− Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
− On va sous les tilleuls verts de la promenade.
Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L’air est parfois si doux, qu’on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits, − la ville n’est pas loin -,!
A des parfums de vigne et des parfums de bière…"
Arthur Rimbaud (1854-1891), poète, 29 septembre 1870. Bien que brève, son œuvre poétique est caractérisée par une prodigieuse densité thématique et stylistique, faisant de lui une des figures majeures de la littérature française.

La Commune de Paris est la plus importante des communes insurrectionnelles de France, en 1870-1871. Elle dure 72 jours, du 18 mars 1871, à la « Semaine sanglante », du 21 au 28 mai 1871. Cette insurrection, faisant suite aux communes de Lyon et de Marseille, refusa de reconnaître le gouvernement, issu de l'Assemblée nationale constituante, qui venait d'être élue au suffrage universel masculin dans les portions non occupées du territoire, et choisit d'ébaucher pour la ville une organisation de type libertaire, fondée sur la démocratie directe.

La défaite de la Commune de Paris, et la répression qui s'ensuit, accentue le débat, et provoque la rupture définitive entre les marxistes et les bakouninistes. Bakounine est exclu de l'Internationale.

Le communisme libertaire partage, avec le communisme marxiste, la critique du mode de production capitaliste, qu'ils ont pour objectif d'abolir, par la révolution prolétarienne, a fin de mettre en place une société communiste : une société sans classes, et sans État.

Rosa Luxemburg (1871-1919), militante socialiste et communiste, et théoricienne marxiste, née Rozalia Luksemburg, est la cinquième enfant d'une famille juive aisée. Née Polonaise, elle devient allemande, afin de poursuivre, en Allemagne, son activité socialiste. De l'aile gauche de l'Internationale, révolutionnaire et partisane de l'internationalisme, elle s'oppose à la Première Guerre mondiale.

Karl Liebknecht (1871-1919) est un homme politique socialiste et communiste allemand. Membre du Parti social-démocrate, comme son père Wilhelm, il se bat pour le droit des jeunes à faire partie d'organisations politiques, et surtout contre le militarisme. Son livre, Militarisme et anti-militarisme, lui vaut un procès, et une peine de prison de 18 mois, durant laquelle il est élu député au Reichstag. En raison de son opposition à la Première Guerre mondiale, il est emprisonné, et exclu du Parti.

Lev Davidovitch Bronstein (1879-1940), dit Léon Trotski, est un révolutionnaire communiste, et homme politique russe, puis soviétique. Militant marxiste, il est, plusieurs fois, déporté en Sibérie, ou exilé de Russie.

Vsevolod Mikhaïlovitch Eichenbaum (1882-1945), dit Voline, est un poète et militant libertaire russe, théoricien de la synthèse anarchiste. Lors de la révolution russe de 1905, il est parmi les fondateurs du premier soviet de Saint-Pétersbourg.

Nestor Ivanovitch Mikhnienko, dit Nestor Makhno (en ukrainien : Нестор Іванович Махно), né en octobre 1888, à Gouliaï Polié (ou Houliaïpole) — ville de l'ouïezd d'Oleksandrivsk du gouvernement de Iekaterinoslav, alors située en Ukraine, sur les territoires occupés par l'Empire russe — et mort, le 25 juillet 1934, dans le 20e arrondissement de Paris (France), est un communiste libertaire, d'origine cosaque zaporogue.

Cosaques est le nom donné à un groupe de populations, majoritairement slaves, originaire de régions de la steppe pontique, situées sur les actuels territoires de l'Ukraine et de la Russie. Ils ont la particularité d'être, à l'origine, semi-nomades, de vivre de manière autonome et autogérée, et d'assurer leur propre défense grâce à un entraînement militaire systématique.

Les Cosaques zaporogues sont des Cosaques qui vivaient en amont des rapides du Dniepr, dans la région historique de l'Ukraine centrale dénommée Zaporoguie. À l'origine, ce sont des serfs fuyant la République des Deux Nations, qui s'installent sur l'île de Khortytsia, créent la Sitch zaporogue, et se constitue en une entité politique très respectée, dotée d'un système de gouvernement parlementaire.

Au cours des XVIe, XVIIe, et XVIIIe siècles, les Cosaques zaporogues sont une force politique et militaire forte, qui défie l'autorité de la République des Deux Nations, du tsarat de Russie, et du khanat de Crimée.

En 1898, à dix ans, Nestor quitte l'école. Jeune orphelin de père, il est contraint d’exercer différents métiers (garçon de ferme, fondeur, etc.) Il découvre l'injustice, l'humiliation, la révolte.

“En matière de révolte, aucun de nous ne doit avoir besoin d'ancêtres.”, André Breton (1896-1966), poète et écrivain, in Second manifeste du surréalisme.

La révolution russe de 1905 englobe l'ensemble des troubles, politiques et sociaux, qui agitèrent l'Empire russe, en 1905. Débutant le 9 janvier 1905, lors du « Dimanche rouge », elle aboutit, neuf mois plus tard, à la promesse d'une constitution, le Manifeste d'octobre. L'évolution économique et sociale du pays avait fait monter les oppositions (libérales, démocrates, socialistes, révolutionnaires) au régime tsariste. La pétition des travailleurs de Pétersbourg, du 9 janvier 1905, qui se termina par la fusillade meurtrière du Dimanche Rouge, mit le feu aux poudres.

Avec la révolution de 1905, la conscience politique de Nestor s’éveille. En 1906, à dix-sept ans, il rejoint un groupe local : il milite au sein du groupe anarchiste communiste de Gouliaï-Polié, formé dans l’effervescence de la révolution.

Il participe, très tôt, à des actions violentes. Le groupe anarchiste, auquel il appartient, se lance dans des attentats, des attaques à main armée, et des expropriations à l’encontre de riches propriétaires ou d’industriels. La création d’une unité armée est issue, tout naturellement, du contexte local. Surnommé Makhno, il participe à des incendies de propriétés, tuant un commissaire de police, qui conduisirent à son arrestation, en septembre 1907. Il est condamné à mort, en 1910.

En raison de son jeune âge, sa peine est commuée en réclusion à perpétuité. Il est, également, condamné aux travaux forcés. Puis est transféré à la prison de la Boutyrka à Moscou, qui accueille les prisonniers politiques.

Pendant ce temps-là, en France, aussi, mais pas que, un groupe anarchiste opérait, connu comme « Bande à Bonnot », après que Jules Bonnot eut accordé un entretien au Petit Parisien. La notoriété de Bonnot se renforça, ensuite, sa mort, lors d'une fusillade, avec la police, à Choisy-le-Roi, ayant été très médiatisée. Refus d'obtempérer ? Futé, le groupe utilise des technologies de pointe, dont des automobiles, et des fusils à répétition, qui n’étaient pas encore disponibles pour la police (l'administration, c'est la misère; la propriété, le vol). Le groupe était composé d'un certain nombre d'individus chelous : moins de quatre milliards, selon la police; au moins le double, selon la CNT.

"Celui qui n'a rien à perdre et tout à gagner met en œuvre toute la voracité de l'intelligence.", Jean Pierre Marie Hervé-Bazin (1911-1996), écrivain et romancier, in Ce que je crois (1977).

Amine a été assassiné, d’une balle dans le dos, par un policier, le 21 avril 2012, à Noisy-le-Sec. Il avait 29 ans. "Un jeune a été tué, à la suite d’une fusillade." Il ne s’agissait, nullement, d’une fusillade. La seule personne qui détenait une arme, c'était le policier. Mon frère prenait la fuite, il était de dos.

"Se levoient du lict quand bon leur sembloit, beuvoient, mangeoient, travailloient, dormoient quand le desir leur venoit ; nul ne les esueilloit, nul ne les parforcoit ny à boyre, ny à manger, ny à faire chose aultre quelconques. Ainsi l’avoit estably Gargantua. En leur reigle n’estoit que ceste clause Fay ce que vouldras.", Alcofribas Nasier, jadis abstracteur de quintessence, écrivain humaniste, ecclésiastique et anticlérical, chrétien considéré par certains comme libre-penseur, médecin, mort en 1553.

"La liberté ne peut être que toute la liberté ; un morceau de liberté n'est pas la liberté.", Johann Kaspar Schmidt (1806-1856), philosophe bavarois appartenant aux Jeunes hégéliens, considéré comme un des précurseurs de l'existentialisme et de l'anarchisme individualiste, in L'Unique et sa propriété.

En 1914, la Russie était la quatrième puissance industrielle mondiale, devant la France, mais, avec ses 160 millions d’habitants, le niveau de vie moyen était inférieur de moitié. Les institutions restaient arriérées, l’éducation peu répandue et les inégalités sociales étaient beaucoup plus fortes qu’en Europe occidentale. Une immense masse paysanne inculte était capable de révoltes, et de massacres au cours de jacqueries, mais incapable de devenir une force politique constructive.

A la veille de la Première Guerre mondiale, la France vit de grands bouleversements culturels et techniques. Après la guerre franco-prussienne, l'Europe vit une période de paix de quatre décennies, favorable aux progrès économiques et techniques. On appelle Belle Époque la période située à la charnière des XIXe, et XXe siècle, marquée de progrès sociaux, économiques, technologiques et politiques. Dans toute l'Europe, les travailleurs s'organisent en syndicats, en partis politiques : apparaissent les premiers partis socialistes, de plus en plus influents. La grande bourgeoisie profite des progrès et l'inégalité atteint des sommets.

La Première Guerre mondiale, dite Grande Guerre, est un conflit militaire impliquant, dans un premier temps, les puissances européennes, et s'étendant, ensuite, à plusieurs continents, qui a duré de 1914 à 1918.

Le 28 juin 1914, à Sarajevo, un jeune nationaliste serbe, originaire de Bosnie, Gavrilo Princip, assassine le couple héritier du trône austro-hongrois, le prince François-Ferdinand d'Autriche et son épouse la duchesse de Hohenberg. L'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie. Ce qui aurait pu n'être qu'une guerre balkanique de plus, dégénère en conflit mondial, du fait du jeu des alliances entre les grandes puissances européennes, qui sont à la tête d'empires s'étendant sur plusieurs continents.

Le vendredi 31 juillet 1914, Jean Jaurès dîne au café du Croissant, rue Montmartre, à Paris, non loin du siège de son journal, l'Humanité. Il est atteint par deux coups de feu. Une balle perfore son crâne : il s’effondre, mortellement atteint. Commis, trois jours avant l'entrée de la France dans la Première Guerre mondiale, ce meurtre met un terme aux efforts désespérés que Jaurès avait entrepris, depuis l’attentat de Sarajevo, pour empêcher la déflagration militaire, en Europe. Il précipite le ralliement, de la majorité de la gauche, à l’Union sacrée, y compris beaucoup de socialistes et de syndicalistes qui refusaient jusque-là de soutenir la guerre.

Au moment de l'entrée en guerre, en 1914, tous les partis politiques ont été favorables à la participation de la Russie à la guerre contre l'Allemagne, à l'exception de la branche bolchevique, dirigée par Lénine, du Parti ouvrier social-démocrate de Russie.

Dès le début de l'année 1917, la population russe, dans son immense majorité, souhaite la fin de la guerre. Ce désir de paix est une des causes immédiates de la révolution russe de février et de la révolution d'octobre.

La révolution de Février marque le début de la révolution russe de 1917. Les tensions, qui s'étaient accumulées, éclatent, dans l'improvisation, en une insurrection, dont l'épicentre est Pétrograd, qui se déroule du 23 février au 3 mars, et provoque, en quelques jours, l'abdication de l'empereur Nicolas II, la fin de l'Empire russe, et de la dynastie des Romanov.

Février libère Makhno de prison. L'Ukraine était alors en proie à une guerre civile aux multiples facettes. Makhno décide de regagner sa région natale, pour prendre la tête du mouvement de résistance contre les armées d'occupation allemandes et autrichiennes, mais aussi contre les troupes restées fidèles au tsar. Il rentre à Gouliaï Polié.

Après la Révolution de mars 1917, un soviet se crée dans la région de Gouliaï-Polié. Pour le défendre, un groupe de volontaires est constitué. Il regroupe huit à neuf cents hommes dont environ trois cents anarchistes. Makhno et ses compagnons y apprennent le combat.

La Rada centrale proclame l'autonomie de l'Ukraine les 10-23 juin. Mykhaïlo Hrouchevsky dirige le secrétariat général de la Rada, qui fait fonction de gouvernement.

En octobre, les bolcheviks prennent le pouvoir. La révolution d'Octobre, aussi connue sous le nom de révolution bolchevique, ou d'octobre rouge, est la deuxième phase de la révolution russe de 1917, après celle de février. Elle a lieu dans la nuit du 25 octobre 1917. Elle est favorisée par l'échec des gouvernements issus de la révolution de février, face à la situation, désastreuse, de la Russie, dans la Première Guerre mondiale.

Au lendemain de la Révolution d’Octobre, Makhno, et ses compagnons, parmi lesquels Maria Nikiforova, organisent, de façon autonome, à la fois socialement et militairement, les masses paysannes du sud de l’Ukraine, qui se battent, les armes à la main.

La République nationale ukrainienne, ou Ukrayins'ka Narodna Respublika, est proclamée, à Kiev, les 7-20 novembre 1917, et une Assemblée constituante est convoquée. L'invasion russe est immédiate.

Les 9-22 janvier 1918, la déclaration de l'indépendance totale de l'Ukraine est proclamée. Mais, l’offensive des Bolchéviks contraint le gouvernement à quitter Kiev, en février 1918.

En 1918, Voline est mandaté par la Confédération des organisations anarchistes d'Ukraine pour rédiger un programme visant à réunir les communistes libertaires et les anarcho-syndicalistes.

La Ligue spartakiste, ou Spartakusbund, est un mouvement politique d’extrême gauche, marxiste révolutionnaire, actif en Allemagne pendant la Première Guerre mondiale et le début de la révolution allemande de 1918-1919. Elle tire son nom de celui de Spartacus, meneur de la plus grande rébellion d’esclaves de la République romaine. Ses principaux fondateurs sont Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg.

Par l’armistice de Brest-Litovsk, Lénine livre l’Ukraine aux occupants, l'Allemagne et l'Autriche, en échange de la paix. Le traité, signé le 3 mars 1918, entre les gouvernements des empires centraux, menés par l'Empire allemand, et la jeune république russe bolchevique, issue de la révolution russe, dans la ville de Brest-Litovsk, met fin aux combats, sur le front de l'Est. Les Allemands installent le général Skoropadsky, avec le titre d'hetman.

L’Ukraine a de tous temps été marquée par un fort sentiment d’insoumission. Quels que furent les efforts des tsars, depuis Catherine II, pour effacer, de l’esprit du peuple ukrainien, toute trace de la « Volnitza », la vie libre, cet héritage, de l’époque guerrière des XIVe-XVe siècles, et des camps zaporogues, s’y conserva quand même. Jusqu’à nos jours, les paysans d’Ukraine ont gardé un amour particulier de l’indépendance. Cet amour se manifestera par une résistance opiniâtre contre tout pouvoir cherchant à les assujettir.

Le mouvement de Makhno prend très vite de l’ampleur, soutenu par la population. Makhno propose de transformer les détachements de combat en unités groupant cavalerie et infanterie. Un état-major principal représente cette fédération de combat à l’intérieur de laquelle Makhno occupe les postes de chef d’état-major et de commandant général. Un service de renseignements est créé.

"Un homme est toujours la proie de ses vérités.", (on aurait, presque, envie d'écrire : de sévérité, tant le surmoi est cruel) Albert Camus (1913-1960), écrivain, philosophe, romancier, dramaturge, essayiste, nouvelliste, journaliste, militant engagé dans la Résistance, et proche des courants libertaires, dans les combats moraux de l'après-guerre, in Le mythe de Sisyphe.

– Quels liens avez-vous, ou avez-vous eu, avec le parti communiste de votre région ?
– Je suis en relations personnelles avec plusieurs militants du parti bolchevik, répondis-je.
Et je citai le nom du président du Comité révolutionnaire d'Alexandrovsk, le camarade Mikhailevitch, et de quelques autres militants d´Ekaterinoslav.
Le secrétaire se tut un instant, puis m´interrogea sur l´état d´esprit des paysans du "Sud de la Russie", sur leur comportement à l´égard des troupes allemandes, et des soldats de la Rada centrale, sur leur attitude envers le pouvoir des Soviets, etc.
Je lui donnai quelques brèves réponses qui manifestement le contentèrent.

En septembre 1918, après son voyage à Moscou, Makhno retourne en Ukraine, et s'associe avec Fedir Shchus, un ancien matelot, qui dirige un petit détachement de résistants à l'occupation austro-allemande. Malgré leur faible nombre, ils rentrent dans la ville de Goulaï-Polié, tirent sur l'occupant, et déclenchent le soulèvement des habitants. Goulaï-Polié est libéré. Ce sera le début de l'organisation de la libération de l'Ukraine, coordonnée par Makhno. En octobre 1918, fort de son succès à Goulaï-Polié, Makhno voit se rassembler, autour de lui, les autres détachements de résistants. Quand le plus important, celui du cheminot Viktor Belash, le rejoint, Makhno lui confie la responsabilité de fédérer cette armée composite.

Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg sont arrêtés, puis exécutés, au cours de la répression d'une insurrection, à Berlin, en janvier 1919.

En 1919, Makhno transforme les groupes de guérilla en une véritable armée, l'armée révolutionnaire insurrectionnelle ukrainienne, dite Makhnovchtchina, qui compta jusqu'à 50 000 hommes. Voline combat dans les rangs de la Makhnovchtchina, avant d'être condamné à mort par Trotski puis finalement banni par le nouveau pouvoir soviétique.

Makhnovchtchina fut le cri du village ukrainien, un cri poussé par des milliers de poitrines naissant à la liberté, puissant et insolite comme celui du cheval sauvage pris au lasso qui, entendant l’appel de la steppe, rompt ses entraves et s’élance, naseaux au vent, pour galoper dans la tempête. Les paysans qui se soulevèrent, pour la plupart analphabètes, ne savaient que leurs peines et leurs misères. Ils n’avaient guère conscience d’appartenir à une nation et ignoraient tout des jeux de la politique.

La rude vie leur disait que des ennemis les guettaient de toutes parts et leur enseignait à se tenir unis. Dans plusieurs endroits, des tentatives furent faites pour organiser la vie en commun. En beaucoup d’endroits de la région de Goulaï-Polé, des communes paysannes surgirent, appelées « communes de travail » ou « communes libres ». Ainsi, près du bourg Pokrovskoïé, s’organisa la première commune libre du nom de Rosa-Luxemburg. Les membres en étaient tous des indigents. Au début, cette commune ne comprenait que quelques dizaines de membres ; puis, leur nombre augmenta jusqu’à plus de trois cents.

La Makhnovchtchina combat les envahisseurs allemands et leurs marionnettes ukrainiennes locales. Une fois les forces allemandes repoussées, le principal ennemi devint les armées blanches de Dénikine et Wrangel. À ce moment précis, Makhno dirige la plus puissante armée d’Ukraine, qui combat, efficacement, les Blancs.

Après la victoire sur les Blancs, l'Armée rouge, qui avait passé des alliances tactiques temporaires avec Makhno, ayant désormais les mains libres, se retourne, finalement, contre lui, en 1920. Makhno est mis hors la loi.

En Allemagne, le début des années 1920 est marqué par une crise profonde, que les militants d’extrême droite instrumentalisent. Le Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei, parti national-socialiste des travailleurs allemands, est fondé, au début de la république de Weimar. Il se dote d’une aile paramilitaire : la section de gymnastique et de sport, créée, et commandée, par Ernst Röhm. L'Arbeiterpartei a le vent en poupe.

Dans un pays saigné à blanc et exsangue, et qui fait face à la famine, presque toutes les ressources sont drainées par l'Armée rouge, pour défendre les acquis de la Russie révolutionnaire. Ici et là, les paysans se soulèvent, contre les réquisitions. La révolte éclate dans la flotte à Kronstadt.

La révolte spontanée des marins de Kronstadt, contre le pouvoir bolchevique, qui débute le 1er mars 1921, est la plus importante manifestation ouvrière d'opposition au communisme de guerre. Des marins, soldats et ouvriers, y compris de nombreux communistes déçus, exigent une série de réformes, et rejoignent les revendications des ouvriers de Petrograd, en grève. Dénonçant la « dictature des commissaires bolcheviques  », les insurgés revendiquent la démocratie ouvrière et paysanne, confisquée par le Parti communiste : « Tout le pouvoir aux soviets » !!

Durant l’été 1921, le mouvement makhnoviste est décimé, par l'armée rouge de Trotsky. Makhno doit s’exiler : il fuit la Russie. Des détachements isolés mèneront encore la lutte mais, privés de leur meilleur stratège, ils disparaîtront peu à peu. En août, après plusieurs mois de combats acharnés, les derniers partisans de Makhno quittent l'Ukraine, et franchissent, finalement, la frontière roumaine.

Expulsé de plusieurs pays européens, Makhno s'installe, finalement, à Paris, en 1925. Il travaille, comme ouvrier, chez Renault, à Boulogne-Billancourt. Il vit dans des conditions difficiles, jusqu'à sa mort, le 25 juillet 1934. Son corps est incinéré, au cimetière du Père-Lachaise, en présence de centaines de personnes, dont Voline, qui prononce son éloge funèbre. Ses cendres sont entreposées au columbarium.

Parmi les figures de l’anarchisme devenues légendaires, Nestor Makhno occupe une place à part. Sa trajectoire incandescente est en effet celle d’un météore, illuminant le chaos de la révolution russe, où il organisa des centaines de milliers d’hommes, et joua un rôle majeur dans la lutte « contre les Rouges et les Blancs » et ce, jusqu’à l’absorption de l’Ukraine, dans la nouvelle Union "soviétique".

Date de dernière mise à jour : 27/02/2024

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