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Trotski

Lev Davidovitch Bronstein

Antépénultième opus de Besson-Lagarde, Léon raconte la vie de Léon, redoutable et insaisissable, qui zigouille, sans bavure et sans état d'âme, et ne vit, solitaire et analphabète, sans racines ni amis, dans un petit appartement new-yorkais, avec sa plante verte et ses habitudes, que pour son métier. Jusqu'au jour où Mathilda, craquante lolita de douze ans, seule rescapée du massacre de sa famille, sonne à sa porte, et fait irruption dans son existence. Voulant venger la mort de son frère, la fillette demande alors, au tueur, de lui apprendre à devenir, elle-même... une tueuse.

León est une ville espagnole, de 125 000 habitants, de la comarque de Tierra de León, capitale de la province de León, dans la communauté autonome de Castille-et-León qui fut, au Moyen Âge, la capitale du royaume de León. Le Camino francés, le « chemin français », du pèlerinage de Jacques-de-Compostelle, passe par la ville. Le Camino real, « chemin royal », y aboutit.

Vilnius, anciennement Wilno, puis Vilna, fondée par le grand-duc Gediminas, est la capitale de la Lituanie. Si l’histoire de Vilna est particulièrement complexe au cours des siècles précédents, la période qui s’écoule entre le 1er août 1914, jour du déclenchement de la Première Guerre mondiale, et le 14 décembre 1925, décret portant incorporation définitive de la ville à la République polonaise, est proprement effarante. En effet, la cité change huit fois de mains. L’orthographe de son nom varie, plusieurs fois, selon la puissance dominante.

Lietuvos Respublika est un État d'Europe du Nord dont le territoire s'étend sur le flanc oriental de la mer baltique. Le territoire possède des frontières terrestres avec la Biélorussie à l'est, la Lettonie au nord ainsi que la Pologne et la Russie (exclave de Kaliningrad) au sud. La Lituanie est une république parlementaire. Elle a pour capitale Vilnius, et pour langue le lituanien. En 2023, sa population est d'environ 2,71 millions d'habitants.

Nikolaï Alexandrovitch Romanov (1868 Tsarskoïe Selo, Russie - 1918 Iekaterinbourg) est, sous le nom de Nicolas II, empereur de Russie. De la dynastie des Romanov, il porte les titres de « tsar de toutes les Russies », roi de Pologne, et grand-duc de Finlande.

La guerre franco-allemande de 1870-71 est un conflit qui oppose, du 19 juillet 1870 au 29 janvier 1871, la France, à une coalition d'États allemands, dirigée par la Prusse, comprenant les vingt-et-un autres États membres de la confédération de l'Allemagne du Nord, ainsi que le royaume de Bavière, celui de Wurtemberg, et le grand-duché de Bade.

Vladimir Ilitch Oulianov (1870 Simbirsk, oblast d'Oulianovsk - 1924 Vichnie Gorki, Podmoskovié), dit Lénine, est un révolutionnaire communiste, théoricien politique et homme d'État russe. Il rejoint le Parti ouvrier social-démocrate de Russie, la section russe de la IIe Internationale. Puis provoque, en 1903, une scission au sein du Parti russe. Nourri des écrits de Karl Marx, Lénine proclama la nécessité d'une révolution socialiste en Russie. Doué d'un exceptionnel sens tactique, il sortit victorieux de toutes les luttes d'influences et, en 1917, engagea son pays dans un mouvement qui devait changer la face du monde.

Le 29 août 1870, Rimbaud quitte, sans avertir, le foyer maternel, et prend le train, pour Paris : il veut assister à la chute de l'Empire. "Vous êtes amoureux. Loué jusqu’à mois d’août. Vous êtes amoureux. − Vos sonnets La font rire.", in Roman, daté 29 septembre 1870, connu pour son premier vers : « On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans ».

La Commune de Paris est la plus importante des communes insurrectionnelles de France, en 1870-1871. Elle dure 72 jours, du 18 mars 1871, à la « Semaine sanglante », du 21 au 28 mai 1871. Cette insurrection, faisant suite aux communes de Lyon et de Marseille, refusa de reconnaître le gouvernement, issu de l'Assemblée nationale constituante, qui venait d'être élue, au suffrage universel masculin, dans les portions non occupées du territoire. La Commune choisit d'ébaucher, pour la ville, une organisation de type libertaire, fondée sur la démocratie directe.

Alexandra Lvovna Sokolovskaïa (1872-1938), militante marxiste révolutionnaire russe, commence à militer dans les années 1890, au sein des cercles révolutionnaires de Nikolaïev, une ville industrielle du sud de l’Ukraine. Elle participe à la création du « syndicat ouvrier du sud de la Russie ». Elle fait la rencontre de Lev Davidovitch, qu’elle contribue à amener au marxisme, et épousera.

Le communisme de conseils, ou conseillisme, est un courant marxiste, anti-léniniste, pour qui les conseils ouvriers doivent s’organiser en pouvoir insurrectionnel, et diriger, démocratiquement, la société. Ce concept s'oppose à celui de « communisme de parti », et aux conceptions de Lénine (pour qui, seul, le parti devait diriger la révolution et la société).

Iossif Vissarionovitch Djougachvili (1878 Gori, Empire russe - 1953 Москва, Union des républiques socialistes soviétiques), dit Joseph Staline, est un révolutionnaire bolchevik et homme d'État soviétique, d'origine géorgienne. Acteur marginal de la révolution d'Octobre, il étend, peu à peu, son influence politique pendant la guerre civile russe, tissant des liens étroits avec la police politique, la Tchéka, et devenant, en 1922, secrétaire général du Comité central du Parti communiste. Il dirige l'URSS, jusqu'à sa mort.

Lev Davidovitch Bronstein (1879 Ianovka, Empire russe - 1940 Mexico, México et Estados Unidos Mexicanos), dit Léon Trotski, est un homme politique communiste, russe puis soviétique. Il est le fils d'un paysan, doué pour le travail des champs, mais illettré, d'origine juive (origine qui sera stigmatisée, et exploitée, plus tard, contre Trotski, par la propagande antisémite stalinienne), qui connaît l'aisance, grâce à sa ferme, de 400 hectares. Sa mère est issue de la bourgeoisie juive.  Après la mort de Lénine, en janvier 1924, Trotski s'oppose à Staline, et à ce qu'il appelle la bureaucratisation du parti et du régime.

Natalia Ivanovna Sedova (1882 Romny, Empire russe - 1962 Corbeil-Essonnes, Essonne) est une militante et écrivaine communiste. Elle milite, dans le groupe révolutionnaire communiste « Iskra », Étincelle. Elle fait la connaissance de Trotski, à Paris, en 1902, et l'épouse, l'année suivante. Elle est sa seconde épouse.

Arieh-Leïb Kacew (1883 Trakai, Empire russe - 1942 Vilnius, Lietuva) est le père de Romain Gary. En 1912, Arieh (« lion » en hébreu, d'où la francisation en « Léon ») Kacew tient l'atelier et magasin de fourrures familial, rue Niemecka, “Daïtsche Gas”.

Nestor Ivanovitch Mikhnienko (1888 Gouliaï Polié, Україна - 1934 Paris), dit Nestor Makhno, est un leader communiste libertaire ukrainien. En 1898, à dix ans, il quitte l'école, et travaille, chez un paysan. Il apprend l'injustice, l'humiliation... la révolte. En 1906, à dix-sept ans, à la faveur de la révolution russe de 1905, Makhno rejoint un groupe anarchiste local. En 1918, les armées austro-hongroise et allemande se livrent au sac de l'Ukraine. Makhno, et ses compagnons, organisent un mouvement de résistance armée. Cet élan est relancé, par la signature, en mars 1918, du traité de Brest-Litovsk, par lequel la Russie cède l'Ukraine, à l'Allemagne et à l'Autriche. Makhno lève la Makhnovchtchina, l'Armée révolutionnaire insurrectionnelle ukrainienne, qui compta jusqu'à 50 000 hommes. Après la révolution d'Octobre, et jusqu'en 1921, la Makhnovchtchina doit combattre, à la fois : les « Armées blanches » tsaristes et l'Armée rouge bolchévique.

Adolf Hitler (1889 Braunau am Inn, Autriche-Hongrie - 1945 Berlin) fondateur, et figure centrale, du Nationalsozialismus, jouit d'une enfance heureuse. Son père le voit fonctionnaire. Adolf, lui, envisage, plutôt, la peinture ou l'architecture. Son père décède. Sa mère s'installe, à Linz, avec ses deux enfants. Impatient de se lancer dans l'art, à dix-huit ans, Adolf gagne Vienne. Il échoue, deux fois, à l'examen d'entrée à l'École des Beaux-Arts. Il en reste très amer. Sa mère meurt d'un cancer. Il découvre la misère. Sans joie, il rumine sa haine de la bourgeoisie cosmopolite de Vienne, joyeuse et prospère. Son ascendance étant incertaine, il pourrait avoir un grand-père juif.

David Bronstein, le père de Lev, était déterminé à épargner, à ses enfants, le handicap culturel dont il avait, lui-même, pâti. Il n’avait jamais été très pieux, aussi ne voyait-il aucun inconvénient à les envoyer dans un établissement chrétien, si cela pouvait favoriser leur avenir. Aussi, quand fut venu le moment de choisir, pour Lev, une école secondaire, son père opta pour la Realschule Paul, rue Ouspenski, à Odessa. Il aurait préféré le Gymnasium, mais son fils fut victime du système de quotas, imposé aux Juifs, depuis 1887. En effet, les autorités, craignant la réaction des Russes, et autres mauvais plaisants, qui acceptaient, mal, de perdre des places, au profit de candidats juifs, contingentaient l'accès des familles juives aux meilleures écoles. Paul était un choix par défaut mais, tout de même : un bon choix.

A Paul, Lev se distingue, par des résultats brillants. Les Spenzer, le père, Moïse, son cousin maternel, qui est propriétaire de l’imprimerie scientifique « Matézis »; la fille, Véra, qui deviendra poétesse; les deux fils, qui sont, quelque peu, socialistes, accueillent Lev dans leur foyer, pendant ses études à Odessa (1889-1895).

Vera Mikhaïlovna Inber (1890 Odessa, oblast d'Odessa - 1972 Москва, fédération de Russie) qui est la fille de Moïse Spenzer (1860-1927), cousin maternel de Lev, sera écrivaine, poétesse, romancière, et mémorialiste.

En 1897, Bronstein prend part à la création du « syndicat ouvrier du sud de la Russie ». Une de ses dirigeantes, Alexandra Lvovna Sokolovskaïa, lui fait connaître la théorie marxiste, à travers les écrits d'Antonio Labriola.

L’Union générale des travailleurs juifs de Lituanie, de Pologne et de Russie, en yiddish אַלגעמײנער ײדישער אַרבעטער בונד אין ליטע, פוילן און רוסלאַנד dite Bund, est un mouvement socialiste, juif et antireligieux, créé au congrès de Vilnius, en septembre 1897, militant pour l’émancipation des travailleurs juifs, dans le cadre du combat pour le socialisme. Son concept d'autonomie culturelle s’oppose au sionisme et au bolchevisme, dont les bundistes critiquent les tendances centralisatrices. En 1917, les bundistes étaient quarante mille, et représentaient 18% du vote juif, en Ukraine, où ils soutenaient la création d’une Ukraine autonome, au sein d’une fédération russe. Le Bund avait des antennes, dans divers pays européens. En 1920, les Bundistes d’Ukraine se radicalisent et deviennent communistes.

Les religions sont le creuset de l'imbécilité humaine, et la matrice du malheur de l'Humanité : elles doivent être détruites, toutes ! Quant à moi, vous n'allez pas tarder à le comprendre : je crois... au père Noël !!!

En 1898, Staline adhère, clandestinement, au Parti ouvrier social-démocrate de Russie. Les membres du « syndicat ouvrier du sud de la Russie » sont arrêtés.

Lev Davidovitch est transféré de prison en prison, d'abord à Nikolaïev puis à Kherson, et à Odessa. Il en profite pour étudier de nombreux textes, disponibles à la bibliothèque de la prison, et acquiert une vaste culture politique, philosophique, et littéraire. Les lectures qu'il fait, à cette époque, complètent sa connaissance des théories marxistes. A fin d'éviter leur séparation, Bronstein épouse Alexandra Sokolovskaïa, en 1900, à la prison de Moscou.

Lev Bronstein & Alexandra Sokolovskaïa sont déportés, en Sibérie, à Oust-Kout, sur la Lena. De leur union naissent deux filles : Nina Nevelson (1901), et Zinaïda Volkova (1902).

L'évolution délétère de la situation économique et sociale avait renforcé les oppositions libérales, démocrates, socialistes, et révolutionnaires, au régime de l'empereur Nicolas II. Le mécontentement, dans la population, est très fort. Dans les campagnes, la misère règne.

A partir de 1902-1903, l'hostilité au régime autocratique va croissant, dans toutes les composantes de la société : les paysans (émeutes en Ukraine et dans la vallée de Volga); les ouvriers (nombreuses grèves pour appuyer leurs revendications, devenues politiques) ; les nobles libéraux des zemstvos (assemblées territoriales) ; les membres des professions libérales, et les étudiants.

Au cours de l'été 1902, Lev s'évade de Sibérie. L'usage d'un pseudonyme étant habituel, chez les révolutionnaires russes, il prend, alors, comme pseudonyme, le nom de Trotski, celui d'un gardien de la prison d'Odessa, ce qui lui permet de dissimuler ses origines juives. Un nom à inscrire sur le faux passeport que l'organisation clandestine lui a fourni. Il se réfugie, à Londres. Il y fait la connaissance d'un jeune intellectuel émigré, marxiste comme lui, Vladimir Ilitch Oulianov, qui a pris, peu auparavant, le pseudonyme de Lénine, et qui collabore à la rédaction du journal Iskra, Étincelle. Trotski est coopté, au comité de rédaction d'Iskra.

En Russie, la politique répressive du ministre de l'Intérieur, Viatcheslav Plehve, finalement assassiné, en juillet 1904, et les défaites dans la guerre contre le Japon, aggravent encore la situation sociale et politique. En novembre 1904, le congrès des zemstvos réclame la convocation d'une assemblée nationale. L'agitation constitutionnelle gagne les ouvriers.

La pétition des travailleurs et des habitants de Pétersbourg du 9 janvier 1905 est un document rédigé, à l'attention de l'empereur Nicolas II. Ce document, établi, entre le 5 et le 8 janvier, par un groupe de travailleurs, dirigeants du Collectif des travailleurs russes de Pétersbourg, avec la participation de représentants de l'intelligentsia démocratique, comprend un certain nombre d'exigences, dont certaines sont d'ordre politique, d'autres d'ordre économique. La principale de ces exigences est la suppression de la bureaucratie, et la convocation de représentants du peuple, sous forme d'assemblée constituante, sur base d'un vote universel, direct, secret et égalitaire.

Les travailleurs de Pétersbourg présentent la pétition, au monarque, le dimanche 9 janvier 1905. La réponse monarchique est une fusillade meurtrière, dite du « Dimanche rouge », qui met le feu aux poudres.

À la suite du Dimanche rouge, la révolution éclate, en Russie. Leo Jogiches quitte, en février, Berlin, pour Cracovie, où il fonde une nouvelle publication. Il se rend, ensuite, à Varsovie, pour y négocier une alliance, avec le Bund, ce que Rosa Luxemburg, hostile à l'idéologie nationaliste des militants juifs, désapprouve, vivement.

Voline est parmi les fondateurs du soviet de Pétersbourg. L'idée d'un conseil pour coordonner les grèves et activités des travailleurs serait née, lors de réunions en janvier-février, dans son appartement. Le premier président du soviet est le jeune avocat Khroustalev-Nossar, qui avait gagné la confiance des travailleurs, après s'être personnellement occupé de leurs besoins vitaux, après le Dimanche sanglant. Mais Khroustalev était peu solide politiquement, et son influence finit par décliner, au profit de celle de Trotski, qui était revenu d'exil. Quand Nossar est arrêté, le 26 novembre, un nouveau bureau est élu. Avec, à sa tête : Trotski.

Simone Weil (Paris 1909 - Ashford, United Kingdom of Great Britain and Northern Ireland 1943) est une philosophe humaniste française. Dès 1931, elle s'intéresse aux courants marxistes antistaliniens. Elle est l'une des rares philosophes à avoir tenté de comprendre la « condition ouvrière », par l'expérience concrète du travail, en milieu industriel et agricole.

Jaime Ramón Mercader del Río Hernández (Barcelona, Catalunya 1913 - Ciudad de La Habana, República de Cuba 1978) est un militant communiste, devenu agent du НКВД, le commissariat du peuple aux Affaires intérieures, qui assassina Trotski, en 1940.

En 1914, la Russie est la quatrième puissance industrielle mondiale, devant la France, mais, avec ses 160 millions d’habitants, le niveau de vie moyen y est inférieur de moitié. Les institutions restent arriérées, l’éducation peu répandue et les inégalités sociales sont beaucoup plus fortes qu’en Europe occidentale.

La Première Guerre mondiale, dite Grande Guerre, est un conflit militaire, qui a duré de 1914 à 1918, impliquant, dans un premier temps, les puissances européennes, et s'étendant, ensuite, à plusieurs continents.

Au moment de l'entrée en guerre, en 1914, tous les partis politiques sont favorables à la participation de la Russie à la guerre contre l'Allemagne, à l'exception de la branche bolchevique, dirigée par Lénine, du Parti ouvrier social-démocrate de Russie.

Le mot d’ordre du 1er mai 1916, lancé par Karl Liebknecht, est : « Brot ! Freiheit ! Frieden ! », Pain ! Liberté ! Paix ! Combien sont capables, dans le climat délétère du moment, d’entendre le discours de Karl Liebknecht, qui dénonce le militarisme, pur sous-produit du capitalisme, comme seul ennemi des Allemands, et qui en appelle à l’alliance du prolétariat international ?

Dès le début de l'année 1917, la population russe, dans son immense majorité, souhaite la fin de la guerre. Ce désir de paix est une des causes immédiates de la révolution russe de février.

La révolution de Février marque le début de la révolution russe de 1917. Les tensions, qui s'étaient accumulées, éclatent, dans l'improvisation, en une insurrection, dont l'épicentre est Petrograd, qui se déroule du 23 février au 3 mars, et provoque, en quelques jours, l'abdication de l'empereur Nicolas II, la fin de l'Empire russe, et de la dynastie des Romanov.

Trotski revient, en Russie, en mai 1917. Sur le chemin, la police canadienne trouve, dans ses bagages, l'équivalent de 500 000 dollars, cadeau du banquier Jacob Schiff. Finalement arrivé en Russie, il manifeste son accord avec la ligne des « thèses d'avril », de Lénine, et rejoint les bolcheviks, à partir de l'été 1917. Mais ses conflits, passés, avec Lénine, vont continuer à le desservir, face à d'autres bolcheviks, comme Staline.

Au cours de la nuit du 24 au 25 octobre 1917, le gouvernement d'Alexandre Kerensky est renversé, et les bolcheviks prennent le pouvoir. La révolution d'Octobre, aussi connue sous le nom de révolution bolchevique, ou d'Octobre rouge, est la deuxième phase de la révolution russe de 1917, après celle de février. Elle est favorisée par l'échec des gouvernements issus de la révolution de février, face à la situation, désastreuse, de la Russie, dans la Première Guerre mondiale.

Lunettes à pince-nez, « tête puissante et bovine », bagou « caustique et spirituel », Amadeo Bordiga salue, comme le début de la fête, le coup de main léniniste.

La prise du pouvoir par les bolcheviks déboucha sur une guerre civile, d'une grande violence, opposant les bolcheviks aux Armées blanches, et à un ensemble d'autres adversaires. Le conflit est accompagné d'un effondrement de l'économie russe, qui avait débuté pendant la Première Guerre mondiale, et d'une famine particulièrement meurtrière.

Les bolchéviks ne disposent, comme armée, que des volontaires de la Garde rouge, et de quelques unités d'élite, comme les Tirailleurs lettons. Leçon de la Commune de Paris : les bolcheviks veulent disposer d'un instrument militaire puissant, pour combattre les forces hostiles.

La Росси́йская Сове́тская Федерати́вная Социалисти́ческая Респу́блика, République socialiste soviétique fédérative de Russie est instaurée, en janvier 1918.

La Spartakusbund, Ligue spartakiste, est un mouvement politique d’extrême gauche, marxiste, révolutionnaire actif, en Allemagne, pendant la Première Guerre mondiale, et le début de la révolution allemande de 1918-1919. Elle tire son nom de celui de Spartacus, meneur de la plus grande rébellion d’esclaves de la République romaine. Ses principaux fondateurs sont Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg.

Le 23 février 1918, l'Armée rouge des ouvriers et paysans, Рабоче-крестьянская Красная армия, est créée. Les premières levées de volontaires ont lieu, à Petrograd et Moscou. Les officiers sont élus. La nouvelle force armée est motivée, politiquement, mais dépourvue d'expérience militaire.

Devenu membre du gouvernement bolchevik, Trotski n'est pas favorable à une paix immédiate avec la Quadruplice. En mars 1918, néanmoins, il accepte le point de vue de Lénine, et la paix de Brest-Litovsk, Biélorussie.

Par l’armistice de Brest-Litovsk, Lénine cède l’Ukraine aux occupants, l'Allemagne et l'Autriche, en échange de la paix. Le traité, signé le 3 mars 1918, entre les gouvernements des empires centraux, menés par l'Empire allemand, et la jeune république bolchevique, issue de la révolution russe, dans la ville de Brest-Litovsk, met fin aux combats, sur le front de l'Est.

Trotski va donner l'impulsion, pour organiser l'Armée rouge, et la rendre efficace au combat. Il sera commissaire à la guerre, de 1918 à 1924. En moins de trois ans, l'Armée rouge deviendra forte de cinq millions d'hommes. Cela ne devait pas être du gâteau, pour tout le monde, tout de même. Un vrai chef doit se faire respecter : dans sa grande mansuétude, Trotski fait fusiller les déserteurs.

Partisan de la répression de toute forme d'opposition au régime communiste, dans un même mouvement, Trotski fait fusiller suspects et opposants. Et, pour faire bonne mesure, sur ordre de Lénine, la famille impériale, alors en exil à Ekaterinbourg, et ses compagnons d'exil, sont assassinés, dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918.

En octobre 1918, en Allemagne, des mutineries éclatent, des conseils de soldats, puis d'ouvriers se forment.

Weimarer Republik, république de Weimar, est le nom donné, par les historiens, au régime proclamé, dans un climat politique et économique troublé, en Allemagne, le 9 novembre 1918. Deux jours plus tard, soit le 11 novembre, la Weimarer Republik signe l'armistice, qui met, provisoirement, fin aux combats de la Première Guerre mondiale. Une véritable guerre civile, entre le nouveau gouvernement social-démocrate, et les spartakistes, qui veulent installer la dictature du prolétariat, s'amorce.

Dès les premiers jours de décembre, l'assassinat de Liebknecht et de Luxemburg est fomenté. On peut lire, sur des affiches placardées, dans tout Berlin : « Ouvriers, citoyens ! La patrie est tout près de sa ruine. Sauvez-la ! La menace ne vient pas du dehors, mais de l’intérieur : c’est le groupe Spartakus. Tuez ses chefs ! Tuez Liebknecht ! Alors vous aurez la paix, le travail et le pain ! »

Dans une Allemagne en ébullition, le 6 janvier 1919, Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht déclenchent une grève générale. Les ouvriers se soulèvent.

Le sozialdemokratische Gustav Noske, est chargé de noyer les foyers de révolte, et d'organiser la répression. Devant l'impossibilité d'utiliser la Reichswehr, en pleine décomposition, il s'appuie, massivement, sur les Freikorps.

Les Freikorps sont des unités de volontaires, très souvent nationalistes d'extrême-droite, civils ou militaires, rattachés, ou non, à une armée régulière, et dont la tactique de combat est celle du harcèlement, ou du coup de main. Il peut s’agir, également, d’unités paramilitaires, ou d’unités formées, spontanément, par des civils. Parfois improvisés et sous-équipés, les Freikorps sont, généralement, dotés d’un encadrement autonome.

La répression est proportionnelle à l’ampleur du mouvement. Lâchés sur Berlin, les Freikorps font un carnage.

Rosa Luxemburg fait paraître, le 14 janvier 1919, un article : L'Ordre règne à Berlin. Le lendemain, Elle et Karl Liebknecht sont arrêtés, et sont conduits à l'hôtel Eden, où est installée l'armée, et où ils sont interrogés. Rosa refuse de répondre aux questions. Elle est frappée à la tête. Le soir même, Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg, à moitié assommés, sont poussés, hors de l’hôtel. Alors que le véhicule, qui l'emmène en prison, vient de démarrer, Rosa Luxemburg est assassinée, d'une balle dans la tête. Son cadavre est jeté dans le Landwehrkanal.

En mars 1919, le général von Epp emmène 30 000 soldats, à fin de mater la République des conseils de Bavière. Près de 600 socialistes et communistes seront assassinés, durant les semaines qui suivirent.

Les Freikorps luttent, principalement, contre les gardes rouges spartakistes, composées d'ouvriers et d'anciens soldats, ainsi que contre certaines unités de déserteurs, particulièrement de matelots, comme ceux de la fameuse « Volksmarinedivision », passées du côté des communistes.

Les militaires écrasent les soulèvements et tentatives communistes, avec la plus grande brutalité. Après une période confuse, les institutions allemandes se stabilisent, le 11 août 1919, lors de l'adoption de la constitution de Weimar, première constitution démocratique appliquée, dans l’histoire allemande.

En 1919, Makhno transforme les groupes de guérilla ukrainiens en une véritable armée, l'armée révolutionnaire insurrectionnelle ukrainienne, dite Makhnovchtchina, qui compta jusqu'à 50 000 hommes. Voline combat dans les rangs de la Makhnovchtchina, avant d'être condamné à mort par Trotski puis, finalement, banni, par le nouveau pouvoir soviétique. Après la victoire sur les Blancs, l'Armée rouge, qui avait passé des alliances tactiques temporaires avec Makhno, ayant désormais les mains libres, se retourne, finalement, contre lui, en 1920.

Le Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei, NSDAP, Parti national-socialiste des travailleurs allemands, est un parti politique allemand d'extrême droite, nationaliste et antisémite, fondé, en Allemagne, en 1920.

La révolte des marins de Kronstadt, qui débute le 1er mars 1921, est la plus importante manifestation ouvrière d'opposition au communisme de guerre. Des marins, soldats et ouvriers, y compris de nombreux communistes déçus, exigent une série de réformes, et rejoignent les revendications des ouvriers de Petrograd, en grève. Les insurgés revendiquent la démocratie ouvrière et paysanne.

Trotski dirige, alors, l'écrasement de Kronstadt : l’Armée rouge, conduite avec Mikhaïl Toukhatchevski, finit par prendre d'assaut l'île de Kronstadt, en traversant, à pied, la mer gelée, le 18 mars. Une répression, implacable, s'abat, alors, sur les révoltés de Kronstadt... comme sur les ouvriers de Petrograd.

Durant l’été 1921, le mouvement makhnoviste est exterminé par l'armée Rouge : Makhno doit s’exiler. Des détachements isolés mèneront encore la lutte mais, privés de leur meilleur stratège, ils disparaîtront, peu à peu.

Staline devient, en 1922, secrétaire général du Comité central du Parti communiste. Il dirigera l'Union des républiques socialistes soviétiques, jusqu'à sa mort, selon un régime de dictature personnelle.

De sérieuses secousses commencent à ébranler le mouvement communiste, dans le monde entier. Il y a ceux qui restent fidèles à la ligne dictée, par Moscou. Et ceux qui commencent à s’en défier. Cela commence à sentir le roussi, pour Léon. En janvier 1925, il perd le commissariat à la Guerre et, en octobre 1926, il est chassé du Politburo.

En 1927, Trotski est exclu, du parti. En janvier 1928, il est relégué au Kazakhstan. Staline redoute de l'éliminer trop brutalement, en raison de l'influence qu'il conserve sur les esprits.

Le Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei accède au pouvoir, en Allemagne, le 30 janvier 1933, quand Adolf Hitler, son chef, est nommé chancelier, par le président Paul von Hindenburg. Dès son accession au pouvoir, Hitler travaille à transformer l'Allemagne en une dictature, à parti unique.

Fin 1933, durant quelques jours, Simone Weil hébergera, chez ses parents, Trotski, avec femme, enfant, et gardes du corps. Longues et véhémentes discussions : sur la révolution, sur le rôle du Parti communiste allemand dans le déclenchement de celle-ci, etc.

Quelques mois plus tard, elle écrit une lettre à Diego Rivera dans laquelle elle capitule : elle dit être prête à accepter ses infidélités, considérées comme de simples "diversions", et que celles-ci ne doivent pas détruire l'amour qui existe entre eux. D'un ton à la fois taquin, et poignant, Frida  termine sa lettre par cette supplication : "Aime-moi juste un peu. Je t'adore."

En juillet 1936, en Espagne, la guerre civile vient d’éclater. L’onde de choc n’épargne pas la casa Azul. Les dictateurs se serrent les coudes... les démocraties font comme si de rien n’était.

Dans le petit port mexicain de Tampico, le 9 janvier 1937, Trotski et son épouse débarquent du Ruth, un pétrolier norvégien. Ils ont quitté Oslo, le 20 décembre. Pour faire expulser Trotski de Norvège, Staline a brandi la menace d’un embargo sur les harengs. La Norvège a décidé d'expulser Trotski, devenu trop encombrant. Comme tous les autres pays, où ils ont vécu précédemment, depuis que Staline les a banni d’URSS, en 1929, et leur a retiré la citoyenneté soviétique.

Dans les premiers mois de 1937, Madrid, noyée sous les bombes des fascistes, résiste encore.

"Nous descendîmes dans la banlieue de Mexico. Une basse maison bleue, un patio rempli de plantes, des salles fraîches, des collections d’art précolombien, des tableaux à profusion. Nous étions sur une nouvelle planète, chez Frida Kahlo et Diego Rivera." Ils s'y installent.

Diego transforme la casa Azul en camp retranché : murs consolidés, policiers en faction, personnel trié sur le volet. Il va, même, acheter la maison voisine, pour plus de sécurité, et pour agrandir l'espace. Les Trotski se sentent, vite, à l'aise, avec ce couple d'artistes, libres et bohèmes, dans ces lieux sécurisés, à jouir du patio, des pièces spacieuses, des repas pris en commun, et des discussions politiques, sans fin.

Lors de la première soirée, ce fut, surtout, Trotski qui parla. Il développa la thèse que, dans la société communiste future, l’art se dissoudrait dans la vie. Il n’y aurait plus de danses, ni danseurs, ni danseuses, mais tous les êtres se déplaceraient d’une manière harmonieuse. Il n’y aurait plus de tableaux, mais les chambres seraient décorées. Les Situationnistes n'ont, finalement, rien inventé.

L’arrivée des Trotski est une bouffée d’air frais, pour Frida. La jeune femme leur sert de guide et d’interprète, car les réfugiés ne parlent pas l'espagnol. Les deux couples s’entendent bien. Diego et Léon se lient d’amitié. Trotski, d’ordinaire si distant, baisse la garde. Diego est le seul à pouvoir lui rendre visite, sans rendez-vous, et un des rares à être reçu, sans la présence d’un tiers.

A 58 ans, Trotski est un bel homme, élégant, très intelligent, et qui aime les femmes. Il est attiré par Cristina, la sœur de Frida; mais celle-ci se refuse à lui.

Frida adopte vite, dans ses relations avec Trotski, un comportement assez libre. A la manière américaine, elle lui lançait : « All my love », en le quittant. Bientôt, il est charmé et séduit, par la personnalité de Frida. Elle aborde la trentaine, elle est fascinante, belle, d’une élégance recherchée, arbore de spectaculaires et somptueux bijoux, aime passionnément le vin, le sexe, l’amour, l’art, la politique, tout. Trotski se prend au jeu. Il se met à lui écrire. Natalia souffre. Diego, lui, ne se doute de rien.

Personnalité hors-normes hantée, dès l’enfance, par la maladie, et la mort, Frida voit, dans son engagement politique, une affirmation de la vie. Trotski, lui, sait ses jours comptés. Il est aux abois... pourchassé par des tueurs, qui sont à ses trousses : les agents du NKVD, la police secrète de Staline, qui veut la peau de ce rival encombrant, trop populaire, prévoit d'éliminer son ennemi majuscule, et l’a condamné à mort, par contumace. Staline, au pouvoir à Moscou, voudrait effacer, de Trotski, jusqu’au dernier souvenir.

Trotski connaît les dangers d’une telle liaison. Si elle venait à être connue, sa réputation serait fortement entachée. Et, comment Diego, si jaloux, réagirait-il ? Le jeu de séduction débute, dans son dos... et celui de Natalia. Frida surnomme Trotski : « barbichette ». Elle organise des pique-niques, et des escapades, dans les environs de Mexico. Ils flirtent, discrètement.

Trotski vit une seconde jeunesse, s'enflamme, comme un adolescent, attend avec fébrilité les rendez-vous clandestins. Comme deux rescapés qui connaissent l'urgence de la vie, ils vont se reconnaître, se séduire, s'aimer, pendant quelques mois, sous le soleil du Mexique, là où Frida vit, aux côtés de son mari. Là où Trotski a trouvé asile, avec sa femme.

Le 7 juillet, les deux amants prennent le large. Ils s'isolent, dans une hacienda, près de Miguel Regla, à une centaine de kilomètres de Mexico. Des rumeurs, sur leur liaison, commencent à circuler. Si elles s'avéraient, cela compromettrait, gravement, Trotski, et lui ferait courir des risques importants. Leur idylle est devenue dangereuse.

Dans cette vie ballottée par la houle des incertitudes, Natalia était l’ancre de Trotski. Elle s’efforçait de le défendre, même lorsqu’elle doutait du bien-fondé de son jugement. Un jour, elle confia : « C’est son travail, c’est sa vie. Ma vie à moi, c’est de l’aider, d’aplanir toutes les difficultés, de vivre par et pour ce qu’il fait, ce qu’il imagine, et d’y trouver une grande joie. » Pensant ne pas avoir son talent, elle s’attribuait un rôle de soutien. Elle se considérait comme une femme moderne, tout en s’estimant heureuse de ses liens intimes, et subalternes, avec cet être extraordinaire.

Le 15 juillet, Trotski rentre, à Coyoacán, où il passe trois jours, avec Natalia. Il choisit l’épouse fidèle.

Frida décide de rompre. Elle n'est pas amoureuse. Elle est tombée, dans les bras de Trotski, plus par admiration, que par un mouvement du cœur. A-t-elle voulu se venger de Diego ? Elle sait cette liaison condamnée d'avance. Natalia a fini par comprendre. Un scandale ternirait la réputation du compagnon de Lénine. Sans compter la police stalinienne, toujours à l'affût.

Bien qu’inséparable, il arrive que le couple Trotski ne puisse se retrouver, durant de longues semaines. Cela arrive, en 1937, alors que Trotski désire, ardemment, retrouver sa femme. Il laisse courir ses pensées, et lui écrit cette lettre : "Depuis que je suis arrivé ici, ma pauvre bite ne s’est jamais levée. Comme si elle n’était pas. Elle aussi se repose du stress de ces jours. Mais moi, et non elle, je pense avec tendresse à une vieille chatte toute douce. Je veux la sucer, lui fourrer ma langue dans les profondeurs. Natalochka, ma chérie, je te baiserai encore fort avec ma bite et ma langue."

À la fin de l’année, pour l’anniversaire de son ex-amant, Frida offre, à Trotski, un autoportrait, accompagné de la dédicace suivante : « Pour Léon Trotski, je dédie avec toute mon affection cette peinture ce jour 7 novembre 1937 Frida Kahlo à Angel Mexico ».

Natalia : "Le cauchemar tourbillonne. C’est-à-dire que le plus vaste et le plus sanglant des coups de force policiers paralyse la révolution russe, et lui substitue le totalitarisme."

A la suite de l'exclusion, violente, des oppositions communistes internes, de la IIIe Internationale, de la répression qui s'est abattue sur les opposants, du constat qu'il était devenu impossible, à l'opposition communiste, de militer, dans les structures communistes existantes, verrouillées par la bureaucratie stalinienne, despotique, qui avait trahi, et détruit, la dynamique révolutionnaire, déclenchée par la révolution d'octobre 1917, tant à l'intérieur de la Russie, qu'à l'international, Trotski, et quelques autres, fondent, en 1938, une nouvelle organisation communiste : la Quatrième internationale.

À la casa Azul, l'ambiance a changé. Le 2 novembre 1938, Diego, facétieux, offre à Trotski, pour son anniversaire, un crâne en sucre, à l’effigie de Staline. Trotski n’apprécie pas la  plaisanterie. Rien ne va plus, sur le plan politique, entre les deux hommes. Pour Trotski, Rivera est un compagnon superficiel... voire un anarchiste. Rivera, lui, traite Trotski de « stalinien ». On sauve les apparences, en échangeant, quelques mots, sur des cactus sublimes. Frida est devenue distante. Cruelle, elle flirte avec son mari, sous les yeux de son infortuné ex-amant. Diego quitte la IVe Internationale.

Au cours de l’été 1939, Trotski quitte la casa Azul. Il s'installe, quelques rues plus loin, dans une maison, que l'on barricade. Il laisse, derrière lui, le tableau que Frida lui avait offert, pour son anniversaire. Natalia : « Nous avons loué, à Coyoacan, une grande maison, entourée d’un jardin spacieux, où de vieux arbres sont, le matin, plein de pépiements d’oiseaux. Dehors, la police a fait construire une casita en brique, pourvue d’une meurtrière. On entre, on pénètre dans une vaste pièce aménagée en bibliothèque et secrétariat. Ici se tiennent les collaborateurs de Trotski, qui sont, aussi, ses gardes du corps. Léon Davidovitch se lève de bon matin, la lumière est alors fraîche. Il se donne un moment de détente pour commencer la journée, en allant nourrir les lapins et les poules. Le cauchemar est toujours présent, et les assassins... n’en doutons pas. »

Le 23 août 1939, Hitler et Staline signent un traité de non-agression, et de partage de l'Est de l'Europe. Un peu moins d’un mois plus tard, l’Europe sombre dans la barbarie de la deuxième guerre Mondiale. Depuis son bureau de Coyoacan, Trotski dénonce la collusion des deux dictateurs.

Natalia : "Léon Davidovitch, sujet aux insomnies, prit un narcotique, dans la soirée, et s’endormit profondément. En pleine nuit, je fus tirée du sommeil par une violente fusillade toute proche. Léon Davidovitch se réveilla aussi… je lui dis, à l’oreille : « on tire, on tire dans la chambre »". Des impacts de balles sont toujours visibles, sur la façade de la maison, mais l'assaut fut un échec. "Je suis déjà familier avec la mort", racontait Trotski, au quotidien mexicain El Universal, après avoir survécu à l'attaque lancée, contre lui, le 24 mai 1940.

Mais, l'histoire ne se termine pas là. Frida est approchée par Ramon Mercader. La peintre ne se méfie pas, et va jusqu'à dîner, un soir, avec lui. Le 20 août, onze ans après son arrivée à Mexico, Trotski ouvre sa porte à Mercader. Le tueur mandaté plante un pic à glace, dans le crâne du vieux révolutionnaire, affaibli et isolé. "Il a crié, comme un fou, je me souviendrai, toute ma vie, du son de ce cri." Trotski succombe à ses blessures, dès le lendemain, dans un hôpital de la capitale mexicaine, à l'âge de 60 ans. Enquêteur : "Vous n’avez pas pensé que c'était un vieil homme sans défense et que vous agissiez avec la plus grande lâcheté ?" La dépouille de Trotski, veillée par des militants, fut exposée au public, dans un hall de la Calle de Tacuba. Cent mille personnes rendent un hommage silencieux au révolutionnaire.

Après l'assassinat de son époux, Natalia reste à Mexico, au contact des milieux marxistes. Elle considère que l'Union des républiques socialistes soviétiques fonctionne selon un régime, économique et politique, condamnable et coupable, de capitalisme d'État.

Le 22 juin 1941, un an après la signature de l'armistice avec la France, l'Allemagne lance, contre l’Union soviétique, son alliée dans la guerre contre la Pologne, une attaque-surprise, nommée, en référence à l'empereur Frédéric Barberousse (1122-1190), « Unternehmen Barbarossa ». Cette opération ouvre le front de l’Est, qui devient le principal théâtre d'opérations, de la guerre terrestre, en Europe. Les conventions de Genève ne sont pas respectées. Les prisonniers, maltraités et affamés, connaissent une mortalité massive. En quelques mois, les troupes du Reich avancent, sur des centaines de kilomètres, jusqu’aux abords de Moscou. La Wehrmacht est mieux organisée, bien mieux commandée, et bénéficie de l’effet de surprise.

Vera Inber est témoin du siège, commencé le 8 septembre 1941, et levé le 27 janvier 1944, soit d'une durée de 872 jours, de Leningrad, par la Wehrmacht.

Les derniers jours de Hitler se déroulèrent à Berlin, au führerbunker, où il s'était réfugié, le 16 janvier 1945. Coupé de la réalité, oscillant entre l'espoir chimérique d'une victoire sur l'Armée rouge, et des pulsions autodestructrices, il assiste, impuissant, à la prise de la capitale, par les forces soviétiques, et à la trahison de certains de ses proches, avant de se suicider, par balle, le 30 avril 1945.

Le Bund se dissous, en Pologne, le 16 janvier 1949, au congrès de Wroclaw. La même année, Mao Zedong devient le principal dirigeant de la république populaire de Chine.

En 1951, Natalia quitte la Quatrième Internationale, considérant qu'elle n'est pas une structure qui prépare l'instauration du communisme. Cependant, elle reste convaincue que seule une révolution ouvrière peut résoudre les problèmes de l'Humanité.

Date de dernière mise à jour : 28/02/2024

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